- TONTISSE
- TONTISSETONTISSE, papier de tentureLe procédé du «veloutage» qui permet d’obtenir les papiers «tontisses» est toujours en usage. Il consiste à saupoudrer d’une manière égale, avec des hachures d’étoffes et des poudres colorées, des toiles ou des papiers sur lesquels on imprime au préalable, au moyen de bois gravés ou de cylindres, un mordant incolore sur lequel se fixent les poussières de «tontures». Ainsi apprêtés, tissus et papiers imitent tapisseries et riches étoffes. Cette technique, dont l’usage est attesté à Nuremberg vers 1470, s’appliquera avec beaucoup d’imperfection à des tentures murales dès le XVIe siècle, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France. Au début du XVIIe siècle, Le François, à Rouen, et Lanyer, en Angleterre, font progresser un genre qui s’épanouit en Angleterre à la fin du siècle et dans la première moitié du XVIIIe siècle. À cette époque, les imitations de broderies, de damas et de velours anglais (flock papers ) sont introduites un peu partout et jusqu’en Amérique. En France, elles trouvent leur emploi à Versailles et dans les châteaux. Jean-Baptiste Réveillon commencera sa carrière en apprenant à les poser sur des toiles tendues sur des châssis, puis à les copier, à sa manière. Cependant, à peine ont-ils commencé à régner que les papiers dits tontisses, ou veloutés, ou floqués, ou soufflés se voient préférer les papiers peints à la détrempe dont Réveillon assure le succès. Pour autant, les tontisses n’ont jamais été abandonnées; elles font bon voisinage, sur un même lé, avec des impressions à la détrempe, et elles demeurent la meilleure imitation possible des étoffes les plus riches.⇒TONTISSE, subst. fém.A. — TEXT. Bourre qui vient du tondage du drap. Depuis près de dix ans on fait des tondeuses où l'aspiration se fait par les tourillons du porte-lame, qui est creux et forme lui-même hotte pour aspirer les tontisses (A. LAMBRETTE, Les Apprêts textiles, t. 1, 1949-50, p. 419).B. — P. méton. Tenture faite de toile sur laquelle cette bourre est appliquée pour lui donner un aspect velouté. Une belle tontisse; tapisserie de tontisse (Ac. 1835, 1878).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. a) 1290 adj. (doc ds R. DE LESPINASSE, Métiers et corporations de Paris, t. 2, 1892, p. 692: bourre laniche et non condiche [lire tondiche]); 1410 bourre tondice (doc. Arch. Chauny ds GDF.); 1416 Corbie bourre tontiche (doc. ds THIERRY, Monuments inéd. hist. Tiers État, 1re série, t. 3, 1856, p. 537); 1690 bourre tontisse (FUR., s.v. bourre); b) 1762 subst. toiles et papiers de tontisses (L'Avant-coureur, 20 sept. d'apr. HAVARD 1890, col. 1368); 1780 papier tontisse (Journal gén. de France, 30 mars, ibid., col. 1369); c) 1759 subst. tentures de tontisse (Ann., aff. et avis div., 6 sept., ibid., col. 1368); 1766 p. ell. tontisse (Arrêt du Conseil d'État, 1er déc., ibid.). Dér. de tondre; suff. -isse (lat. -icia); la forme tontisse, d'apr. tonte.
tontisse [tɔ̃tis] adj. et n. f.ÉTYM. 1690; tondiche, 1290; tondice, déb. XVe; de tonte.❖♦ Technique.1 Qui vient de la tonture du drap. || Bourre tontisse : poussière de laine faite des poils des draps rasés. || Toile, papier tontisse : toile et papier à tapisser sur lesquels on applique de la bourre tontisse, pour leur donner un aspect velouté.2 N. f. (1766). Toile tontisse.
Encyclopédie Universelle. 2012.